a) Création du Musée national suisse
En mars 1884, le Département fédéral de l'Intérieur répond à une motion au sujet de la création d'un musée national suisse et charge la Société d’histoire de l’art en Suisse (qui se nomme alors « Société pour la conservation des monuments d'art historique ») de l'acquisition d'un certain nombre d'objets de son choix, mais dont la propriété reviendra à la Confédération. Un crédit annuel avec un plafond de 50 000 CHF est alloué à l’achat de ces objets. Une Commission fédérale pour la conservation des antiquités de la Suisse est créée quasiment en parallèle, et ses compétences et devoirs transmis au comité de la Société d’histoire de l’art en Suisse (SHAS) d’alors.

Un changement d’orientation est donné lorsque le Conseil fédéral accepte en 1891 la proposition de fonder le Musée national suisse, avec siège à Zurich. Dès lors, l'achat des antiquités ne relève plus de la compétence de la Société, mais de ce musée, de même que l'examen des demandes de subvention pour tout achat. Cette décision est entérinée en mars 1892.

La SHAS poursuit dès lors ses travaux d'inventaire, de conservation et de restauration des œuvres d'art historiques (ainsi que les fouilles archéologiques).

Les travaux de Johann Rudolf Rahn (1841-1912), souvent qualifié de « père de l’histoire de l’art suisse », aboutissent finalement à la mise au point du concept d’un inventaire national des monuments d’art et d’histoire, puis à la parution du premier tome de cet inventaire en 1927.

b) Inventaire national du patrimoine architectural et artistique
Depuis sa création, la Société d’histoire de l’art en Suisse est partie à la rencontre de notre pays ; elle est allée au-devant du patrimoine, mais aussi des personnes qui en prennent soin, ainsi que des citoyens soucieux d'approfondir leurs connaissances sur ce patrimoine.

En ce sens, on peut affirmer que la culture de la Suisse est non seulement affaire de pluralité mais aussi de rencontres, de « confrontations douces ». Ce sont ces rencontres opérées dans un esprit d'ouverture et de conciliation plutôt que de conquête et d'absorption qui ont permis à notre pays de « constituer » une culture sans jamais mettre en péril les particularités dont elle est composée.

Les « Monuments d’art et d’histoire de la Suisse », sont un inventaire national créé concrètement en 1927 par la Société d’histoire de l’art en Suisse, une société privée assumant dans les faits des tâches institutionnelles types. Le financement de cet inventaire national est assuré par un système complexe reposant sur les membres de la SHAS, les pouvoirs publics, et de plus en plus sur des fonds privés obtenus par le biais du fundraising.

Les différents projets de la SHAS, tel l’inventaire national des « Monuments », se distinguent par leur caractère de service aux institutions et aux particuliers. Si la SHAS a contribué dans ses années de création à une prise de conscience de l’identité culturelle nationale, elle est aujourd’hui devenue un moteur d’intégration culturelle dans une société éminemment multiculturelle. Les travaux de la SHAS ont donc pour but de donner accès de la façon la plus unifiée et la plus simple possible à la formidable diversité culturelle qui constitue la Suisse, et ce en évitant l’écueil de la standardisation.